Dix ans après l'attentat tragique contre Charlie Hebdo, la rédaction du journal satirique et la famille de Charb, son ancien rédacteur en chef assassiné, lancent un appel poignant : faire entrer le dessinateur au Panthéon. Cette demande intervient alors que la France s'apprête à honorer Robert Badinter, figure emblématique de l'abolition de la peine de mort, en lui accordant également une place dans ce haut lieu de la mémoire nationale.
Un symbole de la liberté d'expression
Riss, qui a succédé à Charb à la direction de Charlie Hebdo, souligne dans son éditorial que Charb « coche toutes les cases » pour une telle distinction. Il le décrit comme un « journaliste exécuté pour ses opinions par des terroristes sur le territoire national », et insiste sur le fait que cette panthéonisation ne serait pas une récompense, mais une reconnaissance des valeurs qu'il incarnait : la liberté d'expression, l'antiracisme, la justice sociale et la laïcité.
Un acte fort pour la République
La famille de Charb, dans une lettre adressée au Président de la République et publiée par Charlie Hebdo, exprime le souhait d'« ancrer définitivement cet événement dans l'histoire du pays, par un acte fort et fédérateur ». Ils estiment qu'une telle décision « graverait dans le marbre de notre République l'attachement viscéral du peuple français à la liberté d'expression ».
L'attentat du 7 janvier 2015 a coûté la vie à douze personnes, dont plusieurs figures emblématiques de la caricature, comme Cabu et Wolinski. La demande de panthéonisation de Charb résonne comme un hommage à toutes les victimes du terrorisme et un symbole de la résistance face à l'obscurantisme.
Un débat nécessaire
Si Charb lui-même aurait probablement accueilli cette proposition avec une ironie mordante, Riss souligne que l'objectif est avant tout de « réveiller la réflexion autour des valeurs de Charb et du journal ». Cette demande ouvre un débat essentiel sur la place de la liberté d'expression dans notre société et sur la nécessité de défendre ces valeurs face aux menaces qui pèsent sur elles.